Boko Haram : Sophie Bouillon (Libé) raconte son reportage au Nigeria

Justine Brabant - - Silences & censures - 0 commentaires

Comment couvrir l'insurrection menée par Boko Haram sans se mettre en danger ? La journaliste française Sophie Bouillon signe aujourd'hui dans Libération un reportage sur ce groupe armé. Dans un entretien à France TV Info, elle raconte les circonstances de son séjour dans l'Etat de Borno, zone quasiment inaccessible aux reporters étrangers.

"Allez avec vos caméras couvrir les massacres, et on en reparle. Arrêtez de blâmer les médias : sans protection des journalistes, pas de nouvelles" : voilà ce que la journaliste Sophie Bouillon répondait, en janvier, aux personnes qui s'étonnaient d'avoir entendu parler tardivement de tueries commises par le groupe armé Boko Haram début janvier. La même journaliste a finalement décidé de se prendre au mot : après trois semaines passées au nord du Nigeria, elle publie aujourd'hui un reportage (accompagné de photographies de Olivier Laban Mattei) sur le sujet dans Libération.

Elle y retrace le parcours de ce groupe, qui a initialement prospéré sur les frustrations "d’une jeunesse pauvre, éduquée ou non, qui se sentait abandonnée par le pouvoir central et ne trouvait pas de travail", puis s'est progressivement militarisé et radicalisé après l'assassinat de son fondateur en 2009.

Comment la journaliste a-t-elle pu se rendre dans l'Etat de Borno, fief du groupe, réputé extrêmement difficile d'accès pour les étrangers ? Elle le raconte (un peu) dans un entretien à France TV Info : "Si l'on veut enquêter sur place, on court un grand danger. La zone de Chibok, là où les lycéennes ont été enlevées, est redoutable. Il faut louer une escorte et cela vous coûte au bas mot 2000 dollars."

Sophie Bouillon a fait le choix de partir en groupe, et de ne pas s'attarder en dehors des grandes villes relativement sécurisées : "Nous étions trois femmes journalistes françaises à nous rendre là-bas. Nous nous sommes basées à Maiduguri car la ville a été plus ou moins sécurisée par des milices civiles", détaille-t-elle. "Et puis, il a fallu bouger pour voir, et c’est là que l’on doit soupeser les risques. Je suis allée dans un village en respectant deux conditions impératives de sécurité: il n'était pas situé trop loin de la ville et je n'y suis pas restée trop longtemps."

Avant la journaliste française, le directeur du bureau de l'Agence France-Presse à Lagos avait raconté les difficultés à couvrir l'insurrection au Nigeria. Nous l'évoquions dans notre article sur la communication de Boko Haram.

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