"Bikini de Reims" : pour la justice, pas une question de religion

Justine Brabant - - 0 commentaires

Cinq mois plus tard, que reste-t-il de l'affaire du "bikini de Reims", qui a enflammé la presse française en juillet dernier ? Pas grand-chose, selon Mediapart, qui a assisté au procès. Le tribunal a condamné deux agresseuses à des contraventions, mais "pas un mot dans le dossier ne mentionnait une quelconque dimension religieuse", relève le site, alors que l'affaire avait initialement été présentée comme un passage à tabac par des islamistes, pour des motifs religieux.

Le président du tribunal a voulu "s'en tenir aux faits". Mais "les faits précis" sont rares dans cette affaire, où il existe "six à sept récits différents" de l'agression d'une jeune femme en train de bronzer en bikini dans un parc de Reims, fin juillet. Le journaliste de Mediapart Michaël Hajdenberg restitue ainsi le récit "des agresseuses", "pas vraiment contredites par la victime" (dont on ne connaît pas la version exacte - elle n'était pas présente au procès) : ce jour-là, "la bande de filles passe devant Angélique en discutant. Hadoume, 20 ans, fait une remarque sur le fait qu’elle ne mettrait pas une telle tenue. Angélique l’entend et réplique sur le physique de «déménageuse» de Hadoume, qui ne lui permettrait pas de se mettre en maillot. Hadoume gifle Angélique. Puis, c’est la bagarre, à laquelle Zohra prend sa part."

Ensuite, "Angélique se défend, mord au sein –on retrouvera son chewing-gum dans le soutien-gorge d’une agresseuse–, elle est frappée à terre jusqu’à ce que des personnes interviennent. Les violences valent à Angélique une incapacité totale de travail (ITT) de quatre jours. À Zohra, une ITT de trois jours." Les trois jeunes femmes comparaissaient pour "violence en réunion". Le tribunal a requalifié les faits en violences "simples" ayant entraîné moins de huit jours d’ITT, et condamné deux d'entre elles, détaille France 3 Champagne-Ardenne. La troisième, qui n'avait fait que s'interposer, a été relaxée.

Si le procès n'a pas permis d'établir avec précision le déroulement les événements, une chose est certaine, relève Mediapart : "pas un mot dans le dossier ne mentionnait une quelconque dimension religieuse" de l'agression survenue fin juillet. Quelques jours après l'agression, le Parquet de Reims avait déjà relevé que "ni la victime, ni les auteures du coup n'ont fait état, lors des auditions, d'un mobile religieux ou d'un mobile moral qui aurait déclenché l'altercation". À la suite de l'Union de Reims, qui avait présenté les agresseuses comme tenant un "discours aux relents de police religieuse" (avant de faire machine arrière), des sites d'extrême-droite avaient pourtant relayé le fait-divers avec le mot-clé "#PoliceReligieuse", tandis que le député LR Eric Ciotti appelait à l'intransigeance face à une agression visant à "nous imposer un mode de vie qui n'est pas le nôtre".

L'occasion de relire notre article : "Bikini et tabassage «religieux» : L'Union de Reims met le feu... et recule en douce"

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