Bettencourt/Sarkozy : trou de mémoire de la greffière
Dan Israel - - 0 commentairesLa greffière a la mémoire qui flanche.
La semaine dernière, dans le livre Sarko m'a tuer, la juge Isabelle Prévost-Desprez faisait sensation en affirmant qu'un témoin lui avait affirmé que Nicolas Sarkozy avait reçu de l'argent liquide dans la maison des Bettencourt. Elle avait aussi indiqué que sa greffière lui avait rapporté un témoignage similaire, censément confié par l'ex-infirmière de Liliane Bettencourt.
L'infirmière avait déjà démenti. En fin de semaine dernière, c'est la greffière, interrogée par la police, qui semble avoir eu du mal à se remémorer ces confidences. Dimanche, Le Journal du dimanche écrivait que "la greffière, Mme V. D., a été auditionnée par la police, vendredi. (…) Embarrassée, elle a confié sa surprise. Elle a admis avoir régulièrement «raccompagné à l'ascenseur» des personnes auditionnées par la juge et avoir engagé de petites conversations à cette occasion. Mais elle a certifié n’avoir gardé «aucun souvenir» de la scène en question. Elle ne se rappelle pas non plus avoir été dépositaire d’informations concernant Nicolas Sarkozy…"
Hier, Le Canard enchaîné revenait sur la déposition de la greffière, à laquelle il a pu avoir accès. En fait, elle n'a pas nié catégoriquement, mais est restée très floue : "Elle a bien évoqué «une employée de Mme Bettencourt qui [lui] a fait une confidence devant un ascenseur» du tribunal de Nanterre, rapporte Le Canard. Mais ses souvenirs sont plutôt flous : «Je ne peux pas vous dire si elle était blonde ou brune.» En fait, l'infirmière est noire… «La discussion a été très courte. Elle m'a juste parlé d'enveloppe, elle ne m'a pas parlé d'argent.» Quant aux éventuels bénéficiaires, «elle a très bien pu me parler d'hommes politiques ou de M. Sarkozy. Je ne m'en souviens pas.»" De quoi troubler les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme, auteurs de Sarko m'a tuer ? Manifestement non. Joint par @si, Lhomme affirme voir là "la même chose qui se passe depuis le début de l'affaire Bettencourt, par exemple avec la comptable Claire Thibout : les témoins sont paniqués dès que le nom de Sarkozy apparaît, d'autant qu'il n'y a pas de preuves, donc que des coups à prendre". |
Mais, avance le journaliste, "la greffière n'a fait que rester dans le vague, en disant ne plus se souvenir. Si ce que Prévost-Desprez a dit était faux, ce qui est, pourquoi pas, éventuellement possible, je pense qu'elle l'aurait contredite plus franchement".
Lhomme attend désormais que les juges d'instructions bordelais en charge de l'affaire entendent Prévost-Desprez. Il pense qu'elle donnera des détails sur les dates, et sur l'identité du témoin qui lui a affirmé en face-à-face que des enveloppes avaient été remise à l'actuel chef de l'Etat. Selon le JDD, elle sera bien entendue prochainement. Et devra aussi s'expliquer devant Jean-Michel Hayat, le président du tribunal de Nanterre. "La décision de saisir ou non le Conseil supérieur de la magistrature" sur son cas "sera ensuite prise par le premier président de la cour d’appel de Versailles".
Lhomme et Davet étaient sur notre plateau vendredi pour dévoiler les coulisses de leur livre.