Berlin / "stigmatisation" : le ministre voulait désactiver les commentaires Facebook

Juliette Gramaglia - - Intox & infaux - Nouveaux medias - 0 commentaires

Petite tempête politique à Hambourg

. La presse locale, le tabloïd Bild en tête, reproche au sénateur de la Justice, équivalent d'un ministre, d'avoir retardé la publication, sur la page Facebook de la police hambourgeoise, de l'avis de recherche du coupable présumé de l'attaque de Berlin. Une accusation partagée notamment sur Twitter, en Allemagne (entre autres avec le mot-clé #TillSteffen, du nom du ministre) et au-delà, jusqu'en France, où l'essayiste Laurent Bouvet a par exemple tweeté : "Un élu de Hambourg a retardé la diffusion de l'avis de recherche du terroriste de Berlin pour ne pas le stigmatiser" - un tweet partagé plus de 600 fois.

De quoi s'agit-il exactement? L'avis de recherche pour Anis Amri, auteur présumé de l'attaque de Berlin qui a fait douze morts et qui a été abattu à Milan le 23 décembre lors d'un contrôle de police, avait été publié par la direction générale de la justice jeudi 21 décembre. Si les pages Facebook d'autres forces de police, comme celle de la Police de Berlin, ont repris l'avis dans la foulée, les forces de l'ordre de Hambourg ne l'ont fait que le 22 décembre, aux alentours de midi :

Post Facebook de la police de Hambourg, 22 décembre à 12h01

Un délai notamment remarqué par Bild. Le 22 décembre au soir, l'édition régionale de Hambourg du tabloïd s'insurgeait : "Incroyable! Le sénateur de la Justice Till Steffen a empêché pendant plus de douze heures que la police poste l'avis de recherche du suspect de l'attentat de Berlin sur sa page Facebook! C'est seulement après l'appel de Bild hier qu'il y a eu une autorisation exceptionnelle unique."

Peur des commentaires haineux

Dans le viseur de Bild, et des autres quotidiens locaux qui ont repris l'histoire (le Hamburger Morgenpost et le Hamburger Abendblatt): Steffen, qui a refusé de publier l'avis sur Facebook. A-t-il voulu empêcher que le suspect ne soit "stigmatisé" ? Pas exactement, comme l'explique le quotidien national Die Welt, qui appartient au même groupe de presse (Axel Springer) que Bild, et a consacré un article à l'affaire: "Par peur des commentaires haineux sur la page Facebook, le ministre de la Justice de Hambourg Steffen n'a pas mis en application un décret d'avis de recherche. Cela a retardé les recherches du terroriste de Berlin", affirme le quotidien. "Les autorités de Hambourg ont un problème de manière générale avec le fait que Facebook ne permette pas à des entreprises ou des administrations de désactiver la fonction des commentaires", continue die Welt. C'est pour cela que la publication aurait été retardée: Steffen aurait demandé à Facebook de désactiver les commentaires, ce que l'entreprise aurait refusé de faire. Finalement, Steffen a tout de même décidé d'autoriser la publication de l'avis de recherche sur Facebook.

Ce n'était d'ailleurs pas la première fois que la police hambourgeoise partageait un avis de recherche sur Facebook. Die Welt rappelle qu'en octobre, un avis de recherche avait été publié, avec autorisation de Steffen, dans le cadre du meurtre d'un jeune homme de 16 ans. "A l'époque, il y avait eu de nombreux commentaires insultants et des spéculations", note le quotidien national.

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