Berlin : l'instant où personne n'a compris que le mur était tombé

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Le 9 novembre 1989, le Mur de Berlin s'effondrait. 25 ans plus tard, une journaliste de l'AFP, toujours correspondante à Berlin, raconte sur un blog de l'agence l'incrédulité des journalistes lorsque la nouvelle a été annoncée.

9 novembre 1989. Il est 18h53. Dans la salle pleine à craquer du Centre de presse international, Günter Schabowski, venu rendre compte des dernières décisions du comité central du parti communiste SED, tire de sa poche un bout de papier. C'est Yannick Pasquet, journaliste à l'AFP, qui raconte aujourd'hui la scène dans un très beau papier. Schabowski annonce que les dirigeants de l'Allemagne de l'est ont décidé d'autoriser les voyages à l'étranger pour leurs ressortissants. "Quand est ce que cela entre en vigueur ?" lance un journaliste dans la salle. Réponse du porte-parole : "A ma connaissance... immédiatement, sans délai".

Cet instant historique de télévision avait été analysé sur notre plateau en janvier... 1997

Alors que le Mur de Berlin n'a plus aucune raison d'être si les Allemands de l'Est sont libres de se déplacer, les journalistes peinent à y croire. Riccardo Ehrman, correspondant de l'agence italienne Ansa, envoie bien un télégramme à Rome ("Le mur est tombé") mais son rédacteur en chef, incrédule, ne passe pas la dépêche tout de suite. "Il n'a pas annoncé qu'on ouvrait le Mur, il a annoncé quelque chose qui était beaucoup plus administratif. On a tous compris que cela allait être mis en place incessamment, mais pas le soir même", estime aujourd'hui Luc de Barochez, envoyé spécial de l'AFP à Berlin-Est le 9 novembre 1989.

A 19h04, l'agence officielle est-allemande ADN officialise l'annonce de Schabowski. Quelques minutes plus tard, l'AFP publie un premier urgent à la formulation prudente : "L'Allemagne de l'Est a décidé jeudi d'ouvrir totalement ses frontières avec effet immédiat à ceux de ses concitoyens qui veulent émigrer définitivement, a annoncé à Berlin-Est M. Günter Schabowski, membre du bureau politique du parti communiste (SED)".

Les médias ouest-allemands commencent aussi à comprendre. Et le principal journal télévisé de la chaîne publique ouest-allemande ARD entame timidement son édition du soir par "La RDA ouvre ses frontières" avant de prendre la pleine mesure de l'évènement : "Il faut manier les superlatifs avec précaution (...) Mais ce soir nous pouvons prendre le risque de dire que le 9 novembre est un jour historique".

"On a ensuite entendu qu'il se passait des choses au Mur, nous sommes partis à Checkpoint Charlie, l'unique point de passage pour les étrangers entre Berlin-Ouest et Berlin-Est", se souvient De Barochez. A l'époque, Internet était encore loin et les moyens de communication des journalistes étaient nettement plus... rudimentaires : "Les réseaux téléphoniques fixes étaient très faibles et il suffisait que trois personnes téléphonent en même temps pour que ça ne fonctionne plus", détaille celui qui est aujourd'hui rédacteur en chef numérique du quotidien l'Opinion.

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