Belgique, homophobie, et bilinguisme (blog Quatremer)
La rédaction - - (In)visibilités - 0 commentairesLe leader indépendantiste flamand Bart de Wever , qui vient de gagner les élections légistatives, joue-t-il avec des poncifs homophobes ? C'est ce qu'aurait laissé entendre Jean Quatremer, correspondant de Libé à Bruxelles, selon le quotidien de Flandre De Standaard. Quatremer conteste, et met en cause la traduction flamande de son article.
Dans un post sur son blog, le 15 juin, Quatremer soulignait combien le leader indépendantiste Ffamand avait étonnamment insisté sur l'homosexualité du leader socialiste francophone Elio Di Rupo. Il rapportait cet extrait d'interview de Wever, qui répondait à la question "connaissez-vous Di Rupo" : «je ne l’ai rencontré qu’une seule fois dans ma vie, il était avec son copain au Proximus Diamond Game à Anvers nous avons parlé seulement quelques minutes. On voit bien que c’est un homme avec beaucoup d’élégance toujours très soigné, il parle toujours d’une manière très prudente». Commentaire de Quatremer : «De Wever, à la manière d’un Jean-Marie Le Pen, dérape donc de façon très contrôlée afin de souligner ce qu’est ce Francophone qui manifestement lui donne la nausée», écrivait-il. |
Mais le quotidien De Standaard, samedi, va un peu modifier ses propos, selon Quatremer. Voilà ce qu'un journaliste de De Standaard écrit à propos de Quatremer à la suite d'un entretien avec Piet de Bruyn, ancien porte-parole de De Wever et militant de la cause homosexuelle : "Sans être gêné par sa méconnaissance des choses, Quatremer s’est fendu d’une note sur son site sur De Wever et «sa haine des homos». « De Wever, à la manière d'un Jean-Marie Le Pen, souligne de façon contrôlée la nature [homosexuelle] de Di Rupo, qui manifestement lui donne la nausée», affirme Quatremer à propos d’une interview dans laquelle De Wever racontait simplement qu’il avait un jour rencontré Di Rupo et son ami lors d’un match de tennis du Diamond Games à Anvers".
Quatremer souligne donc dans un post mardi que la traduction est inexacte, qu'il n'a jamais employé le terme de "haine des homos". "Je ne parle absolument pas de la «nature» de Di Rupo, mais de Di Rupo lui-même dont De Wever n’a jamais caché qu’il incarnait pour lui toute la corruption des Francophones." écrit Quatremer. " La traduction en néerlandais n’a qu’un but: établir un lien direct entre la «nausée» que je prête à De Wever et son homosexualité", dénonce-t-il.
Le correspondant de Libé a donc fait part de son "indignation" au rédacteur en chef de De Standaard, Peter Vandermeersch. Voici sa réponse: «Les mots "haine des homos" [homophobie] ne se trouvent pas littéralement dans votre texte. Le reste de la citation (à la manière… donne la nausée) s'y trouve bien. L'interprétation du journaliste impliqué me paraît tout à fait correcte. Mais il n'aurait pas dû mettre les mots entre guillemets».
"Curieusement, il m’a répondu en néerlandais et non en français (ou en anglais), alors que je suis le diffamé, et n’a pas donné suite à ma demande d’un droit de réponse. Surtout, il persiste à affirmer que la traduction de mon papier est, pour le reste, exacte, ce qui n’est pas le cas. Bref, le Standaard a manifestement des difficultés à reconnaître ses torts," souligne Quatremer.
Et Quatremer persiste et signe : "De Wever n’avait strictement aucune raison de parler de la vie privée de Di Rupo qui a toujours été d’une grande discrétion à ce propos. Il est remarquable que tout le monde en Belgique (sauf à la RTBF, qui a aussi parfaitement compris ce que voulait faire De Wever) fasse comme s’il était normal qu’un politique décrive la vie privée de ses partenaires". " Pour le journaliste de Libé,De Wever n'est pas forcémenent homophobe, mais il "caresse une certaine Belgique dans le sens du poil". Et d'ajouter : "Il y a des sifflets à ultra son en politique. Le rôle d’un journaliste est de décrypter ce qu’il y a derrière les mots."