BBC / GTA : circulez, rien à voir dans les coulisses du jeu video !
La rédaction - - 0 commentaires"C'est quoi, au juste, ces conneries inventées ?" : sur Twitter, l'éditeur de Grand Theft Auto, Rockstar, s'en est pris à la BBC pendant la diffusion sur son antenne d'un téléfilm intitulé The Gamechangers, qui met en scène son patron, Sam Houser.
The Guardian, 16/09/2015
C'est l'histoire d'un bras de fer judiciaire, ayant opposé Sam Houser, le patron de Rockstar, qui édite la série Grand Theft Auto, à Jack Thompson, avocat conservateur, persuadé que les jeux poussent les jeunes à tuer des gens -et radié en 2008 par la Cour suprême de Floride à la suite de multiples plaintes concernant sa conduite professionnelle. Cette histoire était le sujet de The Gamechangers, téléfilm diffusé mardi 15 septembre, sur la BBC.
Sam Houser, interprété par Daniel Radcliffe
Jack Thompson, interprété par Bill Paxton
Et ce téléfilm, c'est le moins que l'on puisse dire, n'a pas plu aux éditeurs du jeu. En mai 2015, l’éditeur avait déposé plainte contre la BBC pour violation de copyright. “Bien que propriétaire des marques déposées citées dans le titre du film et sa promotion, Rockstar Games n'a aucun lien avec le projet. Notre but est de nous assurer que nos marques déposées ne soient pas détournées par la BBC dans une vision non-officielle d'événements supposés liés à Rockstar Games. Nous avons tenté de régler le problème avec la BBC de nombreuses fois sans résultat satisfaisant. Il est de notre devoir de protéger notre propriété intellectuelle et malheureusement un contentieux est dans ce cas nécessaire”.
La diffusion, mardi 15 septembre, du téléfilm, n'a rien arrangé, la BBC n’oubliant pas de rappeler, dès le générique, que ce programme, “basé sur des documents judiciaires et le témoignage des gens présents à l’époque” n’avait pas été autorisé par les producteurs de GTA.
Pour ce téléfilm, la BBC a choisi de situer son action en 2004, date de sortie de GTA San Andreas. Tout sauf un hasard : cet épisode est édité par Rockstar, qui a transformé un jeu de gangsters un peu violent en licence sulfureuse (et très rentable) du jeu vidéo (dont nous avions débattu sur le plateau de "C'est p@s qu'un jeu", à l'occasion de la sortie du cinquième épisode, en septembre 2013).
GTA (1997)
Ce téléfilm est-il si sévère que ça avec le patron de Rockstar ? Non, pas plus en tout cas qu'avec Thompson, dépeint comme un avocat obsédé par l'idée de faire condamner GTA et ses scènes violentes. Incarné par Daniel Radcliffe, ex-Harry Potter, le patron de Rockstar passe pour un passionné, ne reculant devant rien pour faire triompher sa vision du jeu vidéo. Rien de dramatique, donc. Cela n'a pas empêché Rockstar, souvent loué pour son humour transgressif, de monter au créneau sur Twitter, en mentionnant la chaîne britannique : “Basil Brush [personnage créé pour les enfants en 1962] était pris ? C’est quoi, au juste, ces conneries inventées ?”, sans en dire plus sur les "conneries" en question.
La BBC n’a pas répondu à Rockstar, pas plus qu'aux anciens développeurs du jeu, exceptionnellement sortis de leur réserve pour “livetweeter” The Gamechanger. Brian Baglow, co-scénariste du premier épisode de GTA, n’a, par exemple, pas apprécié que le téléfilm se focalise sur le parcours de Sam Houser : “Mentions actuelles de l’équipe de développement : zéro. Mentions actuelles du fait qu’il EXISTE une équipe de développement : zéro. Tout va bien”.
Plus léger, Mike Dailly, auteur du prototype à l’origine du premier GTA, s’est moqué de la scène dans laquelle les développeurs font du breakdance dans leurs bureaux : “Ah oui, à cette époque, on passait notre temps à faire du breakdance au bureau. J’avais oublié. Je danse souvent au bureau, demande à n’importe qui”.
Scène de breakdance dans The Gamechangers
L'occasion de revoir notre émission, réalisé en partenariat avec le magazine Canard PC : "GTA fait mal aux jeux vidéo".