Barclays Bank : le patron de l'éthique démissionne (presse GB)
Gilles Klein - - 0 commentairesTrop stressé. Chargé du respect de la réglementation, en clair, de l'éthique du groupe britannique Barclays (présent dans 50 pays), dont la réputation a été lourdement entachée par plusieurs scandales, Sir Hector Sants, rendu malade par le stress, a présenté sa démission avec effet immédiat. Une mauvaise publicité dont se serait bien passé la place financière londonienne.
Trop stressé, le haut dirigeant de la Barclays s'en va. "Barclays a annoncé aujourd'hui des changements à la haute direction du groupe à la suite de la démission du Head of Compliance and Government and Regulatory Relations, Sir Hector Sants" : le communiqué diffusé aujourd'hui par l'un des géants de l'univers bancaire britannique, la Barclays, est sobre. Mais la suite est plus inhabituelle : "Hector Sants a été en congé de maladie depuis le début du mois d'octobre, souffrant de stress et d'épuisement .Il a conclu qu'il ne sera pas en mesure de retourner au travail à court terme. En conséquence, il a décidé de démissionner de Barclays et de ne pas revenir de congé de maladie", précise la banque. |
Sir Sants avait été nommé à ce poste au sein du groupe Barclays en janvier 2013, ce qui avait plus qu'étonné la City, la place financière britannique, dont il est une des personnalités incontournables. Il semble s'être donc rapidement épuisé à la tâche, si la version officielle est vraie. A 58 ans, c'est pourtant un grand professionnel, qui a une expérience incontournable.
Après avoir dirigé les activités européennes de la banque américaine, Credit Suisse First Boston, Sants a été le Chief Executive, le grand patron, de la Financial Services Authority (autorité britannique chargée de la régulation de toutes les entreprises qui interviennent dans le secteur financier) de 2007 à 2012, date à laquelle cet organisme a été séparé en deux, tout en étant amené à partager ses responsabilités avec un troisième acteur, la Banque d'Angleterre.
La nomination avait fait du bruit en Grande Bretagne. Sants allant dans un établissement qu'il était censé contrôler dans son poste précédent, certains y ont vu un facheux conflit d'intérêt, alors que la Barclays, impliquée dans plusieurs scandales essaye de redorer son blason. Après avoir, entre autres, participé à la manipulation frauduleuse du taux interbancaire, le Libor, Barclays a du payer une amende de 360 millions d'euros. Et elle avait dû aussi consacrer plus de deux milliards d'euros pour solder des litiges portants sur des ventes forcées d'assurance crédit.
Le nouveau directeur de Barclays, nommé à la rentrée 2012, Anthony Jenkins, avait donc fait appel à Sants pour remettre de l'ordre dans la maison. Sants dépendait directement de Jenkins, et de personne d'autre. Il faisait en outre partie du comité directeur du groupe qui compte 13 membres.
"Coup dur pour les réformes en cours chez Barclays avec le départ d'Hector Sants" titre aujourd'hui le cahier Business du Daily Telegraph qui ajoute que la nouvelle a fait baisser le cours de l'action à la bourse. Le journal commente ce départ, en évoquant une nouvelle enquête sur une transation avec des investisseurs du Qatar en 2008, qui pourraît obliger la banque à verser une amende de plus de 50 millions d'euros. Cette succession de scandales, même si ces malversations ont eu lieu avant son arrivée, pourrait avoir placé Sants dans une position intenable.
"Nouveau coup dur pour Barclays avec la démission d'Hector Sants" titre de son côté The Independent qui rappelle que la banque a dû récemment suspendre six traders au cours d'une enquête interne sur la manipulation du cours des devises. Même analyse pour le Wall Street Journal (ci-dessous, à droite) qui rappelle le triomphalisme du patron de Barclays quand il a recruté Sants.