Banon/DSK : titres incomplets ?

Laure Daussy - - 0 commentaires

A lire les articles du Monde ou de Libé sur le sujet, un lecteur inattentif risque bien de ne retenir qu'une seule partie de l'information : le classement sans suite de la plainte de Tristane Banon contre DSK pour tentative de viol.

Or, le Parquet n'a pas seulement classé la plainte sans suite, il a également estimé que "des faits pouvant être qualifiés d'agression sexuelle sont quant à eux reconnus". Mais ils sont prescrits, puisque la plainte a été déposée plus de trois ans après les faits.

Les titres ne rendent pas compte de ces conclusions mitigées pour les deux protagonistes. Ainsi, on peut lire dans Le Monde - qui n'y consacre d'ailleurs qu'une brève, en page 8 : "Affaire Banon-DSK : le parquet classe la plainte sans suite". Et dans Libé, en Une : "Banon-DSK : affaire classée". L'info selon laquelle le Parquet reconnait l'agression sexuelle n'arrive qu'au premier tiers de la brève, du Monde : "Toutefois, le parquet estime qu'une agression sexuelle a bien eu lieu (...)." Et dans Libé, on le lit aussi seulement à la fin du chapeau en Une.

La titraille de l'article, à l'intérieur du journal - qui y consacre une page - est toutefois plus appropriée : "semi-défaite pour Tristane Banon", et ce chapeau : "le Parquet a classé sans suite l'enquête pour viol contre DSK, mais affirme que l'écrivaine a été agressée sexuellement".

Pourquoi le Parquet reconnait-il l'agression sexuelle ? Est-ce parce que DSK avait lui-même, reconnu, dans son audition, avoir essayé d'embrasser Tristane Banon ? Le PV de son audition a d'ailleurs été dévoilé à l'AFP, aujourd'hui, par ses avocats. Dans ce PV, on peut lire les propos de DSK : "J'ai essayé de la prendre dans mes bras. J'ai tenté de l'embrasser sur la bouche. Elle m'a repoussé fermement. Elle m'a lancé, en substance «Ca va pas?». J'ai de suite relâché mon étreinte, elle s'est emparée de ses affaires et elle a quitté l'appartement furieuse".

Une décision, a laquelle a réagit Me David Koubbi, l'avocat de Banon, en estimant que DSK devra "se satisfaire d'un statut d'agresseur sexuel non jugé, bénéficiant de la prescription applicable en la matière". L'avocate de DSK, Me Frédérique Beaulieu, a estimé, de son côté, que son client était "blanchi". N'ayant pas été jugé, il n'est en réalité ni condamné, ni blanchi.

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