#Balancetonporc : tribunes croisées dans Le Monde
La rédaction - - 0 commentaires#balancetonporc
: le hashtag aux 500 000 mentions en un mois sur Twitter a participé à la libération de la parole des femmes en France sur les violences sexuelles à la fin 2017. Débattu, critiqué parfois, le hashtag avait été lancé par la journaliste Sandra Muller le 13 octobre, qui a elle aussi "balancé son porc". "Tu as des gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit.” Eric Brion ex-patron de Equidia #balancetonporc" avait-elle écrit dans son message.
Dans Le Monde, Muller et Brion reviennent, dans une tribune chacun.e, sur ces accusations. Brion, qui n'avait pas fait de commentaire jusqu'alors, sort de son silence. S'il reconnaît avoir tenu des "propos déplacés envers Sandra Muller", pour lesquels il présente ses excuses, il s'interroge: "quel rapport entre mon comportement et l'affaire concernant Harvey Weinstein, accusé de viols et de harcèlement sexuel par plusieurs femmes?"
"Oui, il existe une typologie de gravité", affirme de son côté Muller. "Non, une blague douteuse ne visant personne n'est pas à mettre sur le même plan qu'une agression verbale ciblée, qu'un acte inconvenant ou un viol. […] En revanche, du côté des victimes, des points communs existent: mémoire traumatique, déni, honte."
Si Brion affirme n'avoir tenu ces propos qu'"une seule fois", et précise qu'il ne s'agissait pas de propos tenus "au boulot" mais dans un cocktail (il n'entretenait avec elle aucune relation hiérarchique, contrairement à ce que sous-entendait le tweet de Muller), celle-ci insiste sur son ressenti de victime. "Il m'a fallu des années pour verbaliser, explique-t-elle. Personne ne peut juger de l'impact psychologique d'une agression. Je me suis sentie doublement rabaissée: d'abord au rang de femme-objet, ensuite dans mon intégrité professionnelle." Brion, quant à lui, dément les rumeurs qui ont circulé sur son compte sur les réseaux sociaux, et notamment celle de son renvoi de France 2 suite à des faits de harcèlement. "Je le redis sans ambages, je regrette mes propos. Mais les conséquences ne sont-elles pas disproportionnées? Se retrouver dans la quasi-impossibilité de travailler, recevoir des insultes, se demander comment protéger ses enfants de toutes ces attaques... "déplore-t-il. Avant d'en appeler aux"règles de l’État de droit et de la justice", selon lui"le meilleur moyen de résoudre ce genre de conflits." Peut-être un point d'accord avec Muller, qui indique de son côté qu' "il est impératif que les hommes ne soient pas à leur tour victime d'une guerre des sexes ou jetés en pâture à la vindicte populaire et lapidaire sans éléments probants." Et appelle à "ne pas balancer pour balancer."