Aznar / fraude fiscale : censure à la TV espagnole
Manuel Vicuña - - Silences & censures - 0 commentairesagnole
Un ex-chef de gouvernement qui fraude le fisc? L’affaire a de quoi faire les gros titres du JT. Et pourtant, en Espagne, la TVE, principale chaîne publique du pays, n’a pas jugé bon d’évoquer dans son journal la condamnation de José Maria Aznar à 70 000 euros d’amende après un redressement fiscal de 200 000 euros. Les journalistes de la chaîne dénoncent une censure, dans une chaîne réputée proche du parti conservateur au pouvoir.
Vent de colère à TVE. Les journalistes de la principale chaîne publique espagnole n’en reviennent toujours pas. Le 13 avril, tous les médias du pays titraient sur les démêles fiscaux de l’ex-chef du gouvernement José Maria Aznar, révélés le jour même par le site d'information OkDiario. Pourtant dans le JT de la chaîne publique : pas le moindre mot sur l’affaire.
Pendant deux ans, de 2009 à 2010, l’ex-chef du gouvernement (et ancien inspecteur des impôts) a déclaré ses revenus comme les bénéfices d'une société créée avec sa femme. Rattrapé par "la Hacienda", l’administration fiscale espagnole, il a finalement dû régler la facture - 200 000 euros - et s’est vu condamner à payer 70 000 euros d’amende. Ci-dessous, le sujet consacré à Aznar le jour même des révélations par la chaîne privée La Cuatro.
Deux poids, deux mesures
"Il est impossible qu’un journaliste digne de ce nom, puisse douter de l’importance d’une telle information", affirment les journalistes de TVE. Pour eux, pas question d’en rester là. La société des journalistes de la chaîne a publié le jour même un communiqué pour dénoncer la censure. Ils s’indignent de ce passage sous silence alors même que, plusieurs mois auparavant, une affaire similaire touchant l’un des co-fondateurs du parti Podemos, Juan Carlos Monedero, avait fait la une du journal de la chaîne. Deux poids, deux mesures ? C’est ce qu’affirme la société des journalistes de la RTVE : "Une fois encore, nous retrouvons dans notre journal télévisé le « deux poids-deux mesures » qui favorise systématiquement le gouvernement et le parti qui le soutient." En d’autres termes : le Partido Popular (PP) conservateur de l’actuel chef du gouvernement Mariano Rajoy, dont Aznar fut président pendant quatorze ans. Cette nouvelle affaire intervient dans un climat déjà tendu au sein de la chaîne. Le 22 janvier dernier la société des journalistes de TVE avait voté une motion de destitution du président du groupe public, José Antonio Sánchez et demandé l’élection d’un nouveau dirigeant... "professionnel et indépendant".