Australie : la presse muselée sur la corruption (Wikileaks)
Robin Andraca - - Silences & censures - 0 commentairesWikileaks, le retour !
Plus discret sur la scène internationale depuis quelques semaines, Wikileaks a publié aujourd'hui sur son site une ordonnance émanant de la chambre criminelle de la cour suprême de l'Etat de Victoria, attestant de la volonté de l'Australie de passer sous silence un important scandale de corruption présumée, impliquant plusieurs chefs d'Etat asiatiques.
L'ordonnance de suppression, publiée aujourd'hui sur le site de Wikileaks, est très claire : les médias australiens, sous peine de poursuite judicaire, ne doivent pas ébruiter l'information selon laquelle 17 clients de la banque centrale australienne (RBA) ont été mis en examen pour corruption. L'ordre de suppression, lui-même, doit disparaître ! En examinant la liste des 17 clients mis en examen, on comprend mieux la volonté du gouvernement australien d'étouffer l'affaire pour ne pas "endommager les relations diplomatiques de l'Australie" : parmi ces 17 noms figurent des leaders politiques asiatiques de premier plan tels que Truong Tan San et Susilo Bambang Yudhoyono, respectivement présidents du Vietnam et de l'Indonésie. Les médias australiens n'ont donc pas le droit de "révéler, sous entendre, suggérer ou affirmer" que ces personnalités avaient "reçu ou tenté de recevoir un pot-de-vin". | Le document en question |
Dans un communiqué, Julian Assange, fondateur de Wikileaks, estime qu'il est "tout à fait inconcevable de bloquer le droit public de savoir et de censurer les médias, notamment dans ce cas avéré de corruption internationale, impliquant des politiciens et des filiales d'un organisme public". Malgré les conséquences juridiques, Wikileaks a donc décidé de publier cette interdiction de divulgation pour défendre la liberté d'information. "Le gouvernement australien ne baillonne pas seulement la presse, il bande les yeux du public australien", a assuré Assange depuis l'ambassade d'Equateur à Londres, où il réside depuis juin 2012, toujours sous le coup d'une extradition demandée par la Suède suite à des accusations de viol datant de 2010.
Cette situation ubuesque se traduit dans les médias australiens. The Sydney Morning Herald, le Herald Sun et ABC News : tous font effectivement état du document de Wikileaks sur leur site internet, relaient les déclarations de Julian Assange, mais ne ne s'autorisent jamais à évoquer le fond de l'affaire et les charges retenues contre les 17 clients de la RBA. |