Attentat Istanbul : black-out momentané imposé aux medias

Robin Andraca - - Silences & censures - 0 commentaires


Au moins dix personnes ont été tuées mardi 12 janvier dans une explosion à Istanbul. Si l'attentat n'a, pour l'heure, pas été revendiqué, il s'agirait d'un "attentat suicide d'origine syrienne" selon le président turc Recep Tayyip Erdogan. Dans les minutes qui ont suivi cette explosion, attribuée à un ressortissant syrien âgé de 28 ans, le gouvernement turc a imposé un black-out médiatique de plusieurs dizaines de minutes. Ce n'est pas la première fois.

Une explosion s'est produite à 10h18 ce matin, dans le quartier touristique de Sultnahmet à Istanbul. Et puis les caméras turques se sont détournées, ne diffusant plus aucune image en direct de l'ancien hippodrome de Constantinople. Et pour cause : le vice-premier ministre turc, Numan Kurtulmus, a imposé un black-out temporaire aux médias turcs, "au nom de la sécurité nationale".

Dans l'immédiat, difficile de savoir précisément ce qui était interdit ou pas (Alex Christie-Miller, journaliste anglo-saxon basé à Istanbul, parle sur Twitter d'un document "vague et potentiellement très large"). Comme le note Le Monde, plusieurs sites d'information turcs comme le quotidien Hurriyet, la chaîne CNNTurk ou l'agence officielle Anatolie, ont aussi mentionné cette décision, tout en continuant à actualiser leurs traitements en direct ou leurs comptes Twitter.

"Une sorte de réflexe du gouvernement turc"

Une censure exceptionnelle ? Non si l'on en croit Emre Demir, rédacteur en chef de Zaman France, hebdomadaire franco-turc, interrogé ce matin par BFMTV sur cette censure : "Après chaque attentat ou chaque explosion, dans l'heure, le gouvernement impose une interdiction à la presse turque, la presse locale. C'est un moyen de calmer les esprits pour le gouvernement mais c'est vraiment embêtant pour la presse turque (...) Si vous ne respectez pas cette interdiction, les chaînes d'information turque risquent des millions d'euros (...) Si je me trompe pas, ça fait plus de 40 interdictions de diffusion après une explosion ou une catastrophe naturelle. C'est devenu, en fait, une sorte de réflexe du gouvernement turc."

Aux alentours de midi, le blackout a été levé et les journalistes turcs ont pu reprendre leurs directs, comme l'a noté iTélé :

"On voit qu'un journal a commencé"

Les réseaux sociaux bloqués aussi

Lors de l'attentat du 10 octobre 2015 à Ankara, où plus de cent personnes avaient été tuées à proximité de la gare de la capitale turque, le Premier ministre Ahmet Davutoglu avait déjà interdit aux médias de diffuser des images de l'explosion. "Un porte-parole de l’Etat est même allé jusqu’à dire que les médias ne respectant pas cette consigne risquaient un black-out complet", notait à l'époque Slate. Même chose lors de l'attentat de Suruç du 20 juillet 2015, qui avait fait 32 morts parmi des militants de gauche, partisans de la cause kurde, dans le sud du pays : un juge turc avait interdit la diffusion sur les sites internet, mais aussi les résaux sociaux, de photos et de vidéos de l'attentat suicide perpétré près de la frontière syrienne.

L'occasion de relire notre article : "Comment Erdogan aimerait bloquer Twitter en Turquie (et pourquoi ça ne marche pas vraiment)"

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