Assassin's Creed : Mélenchon s'explique...

Robin Andraca - - 0 commentaires

Dans la polémique qui l'oppose à Assassin's Creed Unity, Jean-Luc Mélenchon contre attaque.

Sur son blog, le député européen revient sur la polémique lancée par Alexis Corbière, secrétaire national du Parti Gauche, qui estime que la dernière production d'Ubisoft, dont l'action se déroule en 1789, véhicule une propagande réactionnaire sur la Révolution Française.

Après s'être expliqué sur le sujet sur France Info et sur le site du Figaro, Mélenchon en remet une couche. "Peut-on parler des jeux vidéo ? Je l'ai fait". Sur son blog, Mélenchon revient longuement sur la polémique l'opposant à la dernière production de Ubisoft. Selon lui, la critique d'art doit s'étendre au jeu vidéo : "Pourquoi la critique sur le fond et la forme d’une œuvre serait-elle réservée à certains arts et serait-elle futile pour d’autres ?".

Et l'auteur du billet de se lancer dans une déclaration d'amour au virtuel : "La 3D et l’implication personnelle du joueur donne à l’expérience du jeu vidéo une force qui ne se distingue que fort peu de l’expérience réelle. Attention, ce surlignage ne doit pas conduire à une autre erreur d’évaluation. Le jeu n’est pas meilleur que la vie, mais il n’est pas moins bon que la vie réelle". Le député européen n'entend pas hiérarchiser les genres d'expression. De l'auteur de science-fiction Philip K.Dick à Mickey ou Tintin, de "Pilote" à "Hara Kiri Hebdo", de Corto Matese à Enki Bilal, Mélenchon fait un petit tour d'horizon de ces "genres mineurs" qui ont joué un rôle important dans son auto-éducation. Qu'on se le dise : Mélenchon n'a rien contre les jeux vidéo et envisage même de "s'offrir une console de jeu".

Dans ces conditions, Mélenchon refuse de croire à "la neutralité purement ludique du jeu". Et l'affirme : il y a, dans Assassin's Creed, ou tout du moins ans le trailer "écrit par un débile américain" un parti pris idéologique. "Les gentils, ici, ce sont la reine, cette infâme traitresse et corruptrice, le roi, ce mollasson vendu, les aristocrates agents des Autrichiens, des Anglais et de n’importe qui qui soit contre le peuple, voilà les héros, subliminaux ou bien déclarés [...] Que la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, et donc de l’égalité en droit de tout être humain, soit présentée comme l’œuvre de brutes sanguinaires et absurdes ne peut-être un hasard ludique", estime Mélenchon.

Dans le dernier paragraphe de son billet consacré à Assassin's Creed, Jean-Luc Mélenchon s'en prend, à mots couverts, aux dirigeants d'Ubisoft : "A vos heures libres, essayez de savoir qui est qui, politiquement, parmi les décideurs de ce jeu. Ce n’est pas trop dur à éclaircir, croyez moi". @si a cherché mais n'a rien à trouvé. Que ce soit autour de la famille Guillemot, fondatrice et propriétaire du groupe depuis 1986 et aujourd'hui numéro deux européen du secteur des jeux vidéo et numéro quatre mondial. Ou des créateurs de la franchise du jeu.

"mon rôle était très limité" (historien)

Autre cible de Mélenchon : les historiens qui ont participé au développement du jeu. "Quant aux historiens qui minaudent, demandez aussi lesquels travaillent pour les sociétés de jeu et pour combien", écrit, tout aussi mystérieusement, le candidat du Front de Gauche à l'élection présidentielle de 2012. Curieux (et joueur), nous avons contacté Jean-Clément Martin, l'un des deux historiens à avoir conseillé Ubisoft dans le développement d'Assassin's Creed Unity (l'autre est Laurent Turcot, professeur universitaire québécois, spécialiste de l'histoire urbaine et culturelle française, consulté sur la physionomie de la Révolution française et la vie quotidienne à cette époque). "J'ai travaillé l'équivalent de quatre journées pour le jeu. Ils m'ont envoyé le scénario et mon boulot était de dire, dans une note que je leur ai renvoyée, si telle image, tel personnage ou telle situation était inapproprié ou irréaliste. Mon rôle était très limité", confie Martin, historien français, spécialiste de Révolution Française et des guerres de Vendée, qui ont opposé pendant trois ans pro et anti-révolutionnaires et se sont terminées en 1796 après avoir fait plus de 200 000 morts.

"J'ai fait un travail d'expertise que je fais auprès de n'importe quel organisme, mais qui n'excède pas les tarifs universitaires classiques, donc assez bas. Je n'ai négocié aucun pourcentage", tient-il aussi à préciser. Pour l'historien, qui dans son étude de la guerre de Vendée adopte une position plutôt modérée, estimant que ce n'était pas un génocide, rien de réellement choquant dans la représentation de Robespierre ou de la révolution Française dans ce jeu.

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