Armstrong protégé ? Bachelot mise en cause (Obs)

Aurore Gorius - - 0 commentaires


"Qui a couvert Lance Armstrong ?", se demande Le Nouvel Observateur dans une enquête sur les coulisses de la lutte anti-dopage sur le Tour de France. Pourquoi Armstrong est-il passé si longtemps entre les mailles du filet ? L'hebdomadaire met en lumière les liens du coureur cycliste avec Nicolas Sarkozy. Un accès direct, qui lui permet d'obtenir des protections. Dans le gouvernement à l'époque, c'est Roselyne Bachelot qui est ministre des Sports. Et celle qui afficha sans relâche son opposition au dopage serait intervenue pour couper dans le budget de l'Agence française de la Lutte contre le dopage (AFLD).

L'histoire commence, ou plutôt recommence, en 2009 lorsqu'Armstrong fait son grand retour sur le Tour. Le travail de l''agence française, engagée dans un combat difficile contre le dopage, va alors se compliquer. "L'année précédente, l'AFLD a pincé sept coureurs. L'Union cycliste internationale, qui protège Arsmtrong, sent le danger. Pour le Tour 2009, elle décide de superviser elle-même les contrôles, réduisant l'agence française au rang de simple prestataire", raconte Le Nouvel Obs. Mais Pierre Bordry, le patron de l'agence française, et son conseiller scientifique, Michel Rieu, persistent à mettre Armstrong "sous surveillance". Ils s'attirent les foudres du coureur américain, qui fait sa loi dans le peloton.

Voilà pour le contexte "sportif". Viennent ensuite les acteurs politiques. En plus d'avoir réussi à régner sur le Tour, Armstrong peut s'appuyer sur des soutiens en haut lieu : Nicolas Sarkozy, fan de cyclisme, compte parmi ses admirateurs.Selon les confidences de Bordry, le "boss", comme l'appellent ses co-équipiers, n'aurait pas hésité à demander sa "tête" au président français lors d'un déjeuner à l'Elysée en juillet 2010.

"Au mois de septembre suivant, écrit l'hebdomadaire,la ministre des Sports, Roselyne Bachelot, annonce la réduction de moitié du budget de l'agence, contrainte de limiter le nombre de ses contrôles. Lassé, découragé, Bordry démissionne. Le même jour, triomphant, Lance Armstrong tweet un message sarcastique : "Au revoir Pierre". "

Roselyne Bachelot aurait-elle mis des batons dans les roues de la lutte anti-dopage ? L'accusation de Bordry, 72 ans, aujourd'hui conseiller d'Etat, est particulièrement dérangeante pour l'ex-ministre qui a toujours milité pour un Tour "propre". C'est "la compétition sportive la plus contrôlée"...

...dit-elle lors du Tour de France 2009picto

Rebelote l'année suivante. La ministre des Sports, qui "ne boude pas son plaisir" en assistant au Tour, se dit aussi "extrêmement attentive à la lutte contre le dopage". Et met même en avant l'AFLD : "l'agence française de lutte contre le dopage est présente sur le Tour et saisira, chaque fois qu'il en sera besoin, les autorités, en particulier l'Union cycliste internationale, si elle voit que la moindre chose est en train de déraper". Tout est sous contrôle, Roselyne veille au grain. Des propos tenus deux mois seulement avant la démission de Bordry.

pictoLa déclaration de Roselyne Bachelot à la presse en juillet 2010

La lutte contre le dopage est un vieux combat de l'ex-ministre. Déjà en 1998, alors députée, Roselyne Bachelot réclamait la législation "la plus sévère possible" sur le dopage. "Il faut absolument être sans pitié sur ces affaires", insiste-t-elle. De beaux discours vite oubliés une fois au pouvoir ?

La députée sur le plateau de l'émission de France 2, "D'un monde à l'autre" en 1998picto

Contactée par @si, l'ex-ministre, qui officie maintenant comme chroniqueuse sur la chaîne D8, n'a pas donné suite à notre appel au moment où nous mettons ce papier en ligne.

(avec Marion Mousseau pour les vidéos)

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