Areva se fâche contre un documentariste (Télérama)

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Mes équipes ont pour instruction de ne plus donner suite à vos sollicitations". Le porte-parole d'Areva Jacques-Emmanuel Saulnier est fâché. Il n'a pas aimé que Dominique Hennequin, qui a réalisé un documentaire sur les mines d'uranium au Gabon et au Niger, explique à Télérama que l'encadrement par la com' d'Areva lui avait rappelé



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Mes équipes ont pour instruction de ne plus donner suite à vos sollicitations". Le porte-parole d'Areva Jacques-Emmanuel Saulnier est fâché. Il n'a pas aimé que Dominique Hennequin, qui a réalisé un documentaire sur les mines d'uranium au Gabon et au Niger, explique à Télérama que l'encadrement par la com' d'Areva lui avait rappelé

Dans son documentaire "Uranium, l'héritage empoisonné", diffusé samedi sur la Chaîne parlementaire, Dominique Hennequin s'est intéressé à une ancienne mine d'uranium du Gabon, exploitée jusqu'en 1999 par la Comuf, filiale d'Areva. "L'entreprise a laissé derrière elle des milliers de tonnes de déchets radioactifs et chimiques. Les habitants vivent dans des maisons construites avec des stériles radioactifs, tandis que les moyens médicaux, eux, sont partis avec la Comuf, laissant les anciens mineurs mourir dans la souffrance et le silence", décrit Télérama. Le documentariste s'est ensuite rendu au Niger, dans une mine encore en activité, dont Areva lui a ouvert les portes. Il pointe les "puits contaminés à l'uranium, radon dispersé dans l'air, mineurs mal protégés, population maintenue dans l'ignorance...", rappelle encore Télérama.

C'est aussi dans Télérama que Dominique Hennequin, par ailleurs auteur d'un documentaire sur sur la Corée, a déclaré au sujet de la mine d'Arlit au Niger :"Notre visite était tellement encadrée, elle m’a rappelé la Corée du Nord ".

Le sang de Jacques-Emmanuel Saulnier, porte-parole d'Areva, n'a fait qu'un tour : il s'est fendu d'une lettre ouverte au réalisateur, dans laquelle il écrit : "De notre côté, si nous avions voulu réaliser une "opération de com", comme Samuel Gontier (le journaliste de Télérama, ndlr) le retient de votre échange, nous aurions choisi une autre audience que celle offerte par Public-Sénat, soyez-en assuré. Les conditions d'accueil, et notamment les mesures de sécurité, dont votre équipe a bénéficié ont été fixées du fait de la situation politique locale. Lors de votre séjour, la région d'Arlit était soumise à des mesures de restriction de circulation décrétées par le gouvernement du Niger. (...) En dépit de ces circonstances, tous les moyens humains et matériels ont été mis en œuvre pour que vous puissiez effectuer votre travail dans les meilleures conditions possibles, sans rien empêcher des visites et rencontres que vous souhaitiez faire. Je note que sur les 6 jours que vous avez passés sur place, 2 l'ont été en dehors de notre présence. C'est pourquoi, il est malhonnête de laisser entendre le contraire et outrancier de comparer l'accueil d'AREVA à celui de la Corée du Nord. Que vous vous mettiez en scène en pionnier isolé en terre hostile est trompeur pour le téléspectateur ou le lecteur auprès duquel vous tentez de valoriser votre reportage.(...) Pour travailler depuis près de 11 ans à plus de transparence dans l'industrie nucléaire, j'ai rarement lu quelque chose d'aussi consternant. Dans ces conditions, mes équipes ont pour instruction de ne plus donner suite à vos sollicitations."

Lors du tournage du reportage "Déchets, le cauchemar du nucléaire", diffusé sur Arte le 13 octobre, les journalistes s'étaient aussi vu fermer les portes par Areva, après un premier contact. Saulnier était sur le plateau d'@si pour s'expliquer avec eux.

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