Après la Bourse, Aubry en baisse

Daniel Schneidermann - - 0 commentaires

Vous en aviez assez, d'avoir le nez collé sur les indices boursiers ?

Allez, vous avez bien mérité une petite récréation. Voici d'autres chiffres : les indices de "souhaits de présidentiabilité" des socialistes. Nouvelle du matin : Aubry baisse, pendant que DSK monte. Seuls 12 % des sondés de Match souhaitent qu'elle soit candidate en 2012, contre 20 % en janvier (et 27% aujourd'hui à DSK). Pourquoi ? Réponse évidente : parce qu'elle a refusé de "sortir du bois" sur les retraites, explique en polyphonie le buzz matinal des radios, qui s'est déjà jeté sur ces nouveaux chiffres. Elle s'est cachée, planquée, ouh la froussarde ! Rappel : pour des raisons qui lui appartiennent, bonnes ou mauvaises (soit qu'elle n'ait aucune idée, ce qui est possible, soit qu'elle ait de très bonnes raisons de ne pas les donner, ce qui n'est pas impossible), Aubry a refusé de se dévoiler sur les retraites. Immédiatement, le buzz lui a donné tort. Le buzz connaissait mieux qu'elle les devoirs du PS : il fallait qu'elle parle, qu'elle abatte ses cartes, qu'elle fasse des propositions. Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi se plier à l'agenda du pouvoir ? Ne le demandez pas au buzz. Parce que.

Loin de moi, l'intention sacrilège de critiquer ce merveilleux instrument, que sont les sondages, et qui offre de si délicieux aliments au buzz du matin. Pourtant, une descente dans les profondeurs du même sondage Ifop-Match,  sous-section popularité, recèle bien des mystères. Pourquoi Borloo a-t-il gagné cinq point de "bonnezopinions" depuis avril ? Pourquoi Lang en a-t-il perdu 6 ? Pourquoi Morin en a-t-il gagné 7 ? Pourquoi Devedjian en a-t-il perdu 4 ? Quelles interventions décisives, quels actes courageux, quels prodiges d'éloquence, de ces très estimables personnalités, expliquent de telles variations ? Envoyez vos perspicaces réponses au site.

Vous n'en savez rien ? Rassurez-vous : les buzzeurs non plus. Et pourtant, ils buzzent, c'est leur fonction, avec une unanimité qui rappelle les jités de lundi, s'ouvrant comme un seul homme sur les miraculeux rebonds boursiers, qui indiquaient évidemment, c'était entendu, que l'Euro avait terrassé la spéculation. Le point commun des traders et des journalistes politiques, c'est le panurgisme. Et un toujours stupéfiant court-termisme. Seul existe l'instant présent. Leurs facultés cérébrales semblent s'être racccourcies à 24 heures environ. Le chiffre éphémère, le chiffre dérisoire, le chiffre indéchiffrable, est leur aliment quotidien.

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