Applis et sites font des vagues dans le surf (Le Monde)
La rédaction - - Numérique & datas - 0 commentairesInternet va-t-il ruiner la résistance organisée par une bande de surfeurs de Tarnos, dans le sud des Landes, qui refusent depuis des années de partager leurs vagues avec les touristes ? C'est tout l'enjeu d'une palpitante (et excellente) enquête publiée dans Le Monde magazine.
Cette semaine,Le Monde Magazine nous emmène dans le sud-ouest de la France, où une guerre de territoire fait rage sur les plages : les locaux font la guerre aux touristes qui voudraient surfer les mêmes vagues qu'eux. Une guerre perturbée par l'arrivée d'un nouvel acteur : Internet, ses sites et ses applications gratuites telles que "Wind Guru" qui indiquent les meilleurs spots pour surfer. "C’est comme si une application te disait les bons coins à cèpes ou à truffes", explique au Monde Erwann Lameignère, éditeur de Hotdogger, revue spécialisée dans la culture surf. "Les gens regardent une webcam pendant cinq minutes, mais ne vont pas voir la mer, alors que c’est un sport du regard et qu’un bon surfeur a un sens marin".
Parmi ces sites Surf-Report.com, qui annonce plus de trois millions de pages vues chaque mois, avec lequel Gérard Duval, 52 ans, a eu le malheur de collaborer en publiant des bulletins météo quotidiens contre un peu de publicité pour son magasin de planches. Très rapidement, les messages d'insulte s'empilent sur la page Facebook d'un surfeur local. "Qu’il nous pourrisse pas la maison, ça va mal se passer", "Le mec va avoir toute la côte de Tarnos contre lui, il veut couler sa boîte ou quoi ?", "Prends un bon avocat, ou sinon un très bon dentiste… et prévois de sortir la nuit parce que le jour on va te voir !" ou encore"Ça sent l’incendie aux Forges", son quartier. Le site, qui étudierait un rapprochement avec le mensuel de référence Surf Session, racheté en juin dernier par l'ancien propriétaire de Libé Bruno Ledoux, cesse rapidement sa collaboration avec celui qui est aussi originaire de la région.
Devant l'afflux des menaces, Duval alerte les gendarmes puis Sud-Ouest qui titrait, début mai : "Surf à Tarnos : il subit la guerre des spots". C'est ensuite au tour de M6 et de RTL de débarquer dans la région, quelques jours plus tard. Et puis Le Monde.
Capture d'un article de Sud-Ouest, publié le 06/05/2015
Personne ne s'est finalement attaqué à la dentition de Duval et sa plainte s'est soldée par la convocation à la gendarmerie de quelques uns des auteurs des messages sur Facebook. "Le shaper de Tarnos n’a pas repris ses bulletins météo sur Surf Report, mais il a trouvé refuge chez un concurrent, AlloSurf, signant ses prévisions et ses nouvelles photos d’un provocateur« votre dévoué reporter »", conclut Le Monde.