Appellation : pour l'AFP, ce sera "groupe Etat islamique"

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Quelle appellation pour l'Etat islamique (EI) ? Dans un post du blog "Making-of" consacré aux coulisses de l’information, la directrice de l'information de l’Agence France-Presse Michèle Léridon revient sur la couverture des conflits en Irak, en Syrie ou en l’Afrique, des zones de conflits qui posent de nombreux problèmes de sécurité. L’occasion pour l’AFP de "réaffirmer [leurs] valeurs éthiques et [leurs] règles éditoriales" à travers la création d'un blog d'information consacré aux zones dangereuses et à destination de tous les journalistes ainsi que par le choix d'un certain vocabulaire pour désigner l'EI.

Quel nom pour l'EI ? Léridon revient sur le conflit sémantique autour de l'appellation du mouvement (une question dont @asi a parlé récemment). Depuis une semaine, le gouvernement, et notamment le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, a choisi d’employer le terme de "daech", l’acronyme arabe de "Etat islamique", supposé moins valorisant.

Sur cette question, l’AFP a donc tranché: "nous avons décidé de ne plus employer telle quelle l’expression « Etat islamique »". Si elle se refuse à employer le terme de "daech" au motif que "l’acronyme de l’EI en arabe (...) est difficilement compréhensible pour le plus grand nombre", l’AFP ne compte pas non plus leur accorder le titre d’Etat, un terme inapproprié pour deux raisons. "Un, il ne s’agit pas d’un véritable Etat, avec des frontières et une reconnaissance internationale. Et deux, pour de nombreux musulmans, les valeurs dont se réclame cette organisation ne sont en rien « islamiques ». Le nom « Etat islamique » est donc susceptible d’induire le public en erreur." Désormais, l’AFP parlera donc de "l’organisation Etat islamique" ou du "groupe Etat islamique". Dans les titres des dépêches ou dans les alertes sera privilégiée l’expression "djihadistes de l’EI". Pas question pour autant d'utiliser un qualificatif ouvertement dépréciatif. Selon Léridon, "une agence de presse internationale ne peut céder au « politiquement correct », ni aux pressions des uns et des autres pour que nous employions des termes tendancieux comme « terroristes » ou « égorgeurs »".

Par ailleurs, Léridon annonce la création d’un blog consacré aux "zones dangereuses", dont le but est de "partager des informations avec les autres médias", de façon à ce que tous les journalistes sur place soient informés des problèmes rencontrés par leurs confrères, des arrestations, des menaces ou de possibles tirs essuyés. Une façon pour elle d'éviter que les journalistes, entraînés dans une course à l'information potentiellement très dangereuse, ne prennent pas plus de risques que de raison.

Par Ludivine Bénard

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