Amazon/Hachette : les écrivains embarrassés (New York Times)
Anne-Sophie Jacques - - Numérique & datas - 0 commentaires"Les écrivains refroidis par le feu de Bezos" : selon le New York times, la tenue ce week-end d’un événement littéraire très confidentiel organisé par le fondateur d’Amazon cristallise les tensions entre le monde des écrivains et le géant de la distribution depuis que ce dernier a décidé de s’attaquer à Hachette, quatrième éditeur au monde, sur le prix des livres numériques.
Heureux l’écrivain invité à Campfire, l’événement littéraire organisé du côté de sante Fe par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, depuis maintenant cinq ans. Du moins jusqu’à cette année, comme le raconte le New York Times (concurrent du Washington Post, qui appartient à Bezos). Car depuis six mois un conflit s’est ouvert entre le géant de la distribution et Hachette sur le prix des livres numériques comme nous le racontions ici. Un conflit qui met les écrivains dans l’embarras… quand ce n’est pas dans la peur.
Campfire n’est pas vraiment un "feu de camp" mais plutôt un rassemblement fastueux. Selon le New York Times, on ne sait pas grand-chose sur la manifestation, et Internet reste muet à ce sujet. Tout juste si on trouve quelques infos pour l’édition 2011 : parmi les invités se trouvaient Jeff Tweedy de Wilco et les réalisateurs Jason Reitman and Werner Herzog. On sait en revanche que, dans un cadre luxueux, un certain nombre d’artistes influents participent à des conférences et repartent chez eux les bras chargés de cadeaux et, pour certains, en jet privé. Les écrivains adorent ça raconte le quotidien. "On a accès au prochain Steeve Jobs, confie un invité, l’homme qui contrôle également le nombre de livres que vous vendez. " |
En contrepartie, le silence est de mise. L’événement doit rester secret et si Amazon ne fait pas signer de clause de confidentialité, aucun invité ne se risque à parler, encore moins sur les réseaux sociaux. "L’homme qui vend la moitié des livres en Amérique semble ne vouloir rien d’autre que les écrivains passent un bon moment. Tout ce qu’il demande en échange est le silence". Et "quand Jeff Bezos demande aux écrivains de se taire, ils obéissent."
Mais le conflit qui oppose Amazon et Hachette conduit à rompre ce silence. Certains écrivains, invités les années précédentes, ont annoncé ne pas vouloir participer à l’événement. C’est le cas de James Patterson, qui publie chez Hachette. Certes il n’a pas été invité mais il aurait de toute façon refusé tout en reconnaissant le caractère splendide de la manifestation. Même Hugh Howey, auto-édité et fervent défenseur d’Amazon, a préféré s’abstenir afin de garder sa liberté de pensée. D’autres encore refusent tout net de parler et supplient de ne pas être cités de peur que Bezos soit offensé. Cette peur du dieu distributeur tout-puissant n’est pas nouvelle, affirme le quotidien : lorsque le groupe d’écrivains Authors United a publié sa lettre ouverte dans le New York Times pour soutenir Hachette, certains auteurs ont préféré rester anonymes de peur des représailles potentielles d’Amazon. Avec ce Campfire, le monde littéraire redouble de tension, conclut le New York Times.