Aides à la presse : Pellerin élargit aux périodiques (mais pas tous)

Justine Brabant - - Financement des medias - 0 commentaires

La ministre l'avait annoncé. C'est fait : le décret réformant les aides à la presse a été publié au Journal officiel samedi 7 novembre. Les publications condamnées pour racisme, antisémitisme ou incitation à la haine ou à la violence (parmi lesquelles Valeurs actuelles, Minute et Rivarol) n'auront pas le droit d'y prétendre. Mais ces trois titres pourront continuer de bénéficier d'aides indirectes.

La ministre de la Culture en avait glissé quelques mots le 2 novembre, devant la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale. Manifestement, le projet était déjà bien avancé : cinq jours plus tard, le décret modifiant les critères d'attribution des aides à la presse française trône déjà, fraîchement imprimé, dans le Journal officiel.

Concrètement, ce décret a deux effets : il élargit théoriquement la liste des publications qui pourront prétendre à ces aides, mais en exclut aussi certaines. Il l'élargit car une partie de ces aides (les aides directes aux journaux au nom du pluralisme) se limitaient jusqu'à présent aux quotidiens généralistes. Avec le décret, elle s'étendront désormais aux autres périodicités (hebdomadaires, mensuels, etc.). Le Monde Diplomatique et Témoignage Chrétien pourraient ainsi venir s'ajouter à L'Humanité ou Libération sur la liste des bénéficiaires, relève l'AFP.

Un élargissement donc, mais sous conditions. Le texte prévoit en effet qu'aucune aide ne pourra être versée aux titres condamnés pour racisme, antisémitisme ou incitation à la haine ou à la violence dans les cinq années précédant une demande d'aide. Or, trois journaux ont été récemment condamnés à ce titre : les hebdomadaires Valeurs actuelles (pour sa Une sur les Roms), Minute (pour incitation à la haine homophobe) et Rivarol (pour provocation à la haine antisémite).

Est-ce à dire que Pellerin "prive Valeurs actuelles et Minute d'aides à la presse", comme le titreMarianne.fr, ou que Valeurs actuelles est "exclu des aides à la presse", comme le titreChallenges ? Non. Ces titres ne sont pas "privés" d'aides :"ils continueront à bénéficier des aides qu'ils avaient déjà", précise le ministère de la Culture, joint par @si. Car le décret ne porte que sur les aides dites "directes" (130 millions d’euros en 2015), et non sur les aides dites "indirectes" (qui représentaient également environ 130 millions d’euros en 2015). Ces aides indirectes ont rapporté un peu plus d'un million d'euros à Valeurs actuelles en 2013 (le montant pour les deux autres publications n'est pas connu). Les trois titres ne seront donc pas "privés" d'aides, mais n'en toucheront pas davantage.

Ils ne sont d'ailleurs pas les seuls : Charlie Hebdo non plus ne bénéficiera pas de cette extension des aides directes aux hebdos et mensuels. Alors que la ministre souhaitait que le titre puisse en bénéficier, Charlie Hebdo est... diffusé à trop d'exemplaires pour pouvoir être éligible aux aides directes. Le décret prévoit en effet de n'aider que les titres "dont la diffusion moyenne payée en France n'a pas dépassé 300 000 exemplaires pendant l'exercice précédant l'année d'attribution de l'aide". Or, depuis les attentats de janvier, Charlie Hebdo dépasse ce seuil de 300 000 exemplaires vendus, précise l'AFP.

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