Agences photo : L'Obs ne paie (toujours) pas ses factures
Manuel Vicuña - - Financement des medias - 0 commentairesLeur courrier au ministère est resté lettre morte.
Dans une lettre ouverte publiée le 19 décembre, la quasi-totalité des collectifs de photographes indépendants et des agences de photo en France interpellait la ministre de la culture, Audrey Azoulay, face à "une situation intenable". Comme nous le racontions, petites et grandes agences de photo, collectifs et syndicats de photographes de presse avaient décidé de dénoncer d’une même voix les factures impayées par les grands groupes de presse. "Les factures impayées à plus de 60 jours par les groupes Le Monde et Altice Media atteignent les 500 000 euros", écrivaient les agences qui jugeaient "absolument scandaleux, et illégal, que nos clients fassent de la trésorerie «sur le dos» de leurs fournisseurs, et mettent ainsi en péril toute une profession."
Un mois après ce cri d’alarme que nous avions relayé, témoignages à l’appui, les agences de photo n’ont reçu aucune réponse du ministère de la Culture. "Rien, pas un mot", déplore auprès d'@si Wilfrid Estève cosignataire du courrier et fondateur du collectif Hans Lucas Studio qui regroupe 280 photographes indépendants.
Quant aux patrons de presse mauvais payeurs, Esteve note que"la situation évolue au cas par cas. Notre lettre ouverte fait doucement bouger les lignes dans certaines rédactions", explique-t-il. Ainsi, les titres Le Monde et M Le Magazine du Monde seraient en train de régulariser leur situation en commençant à honorer les factures en souffrance, tout comme La Vie. "Pour L'Express, le service comptabilité a fait un pas vers nous et commence à s'acquitter de factures remontant à 2014", note la responsable éditoriale de l'agence Myop, Chloé Zanni, contactée par @si.Reste le cas de L'Obs [groupe Le Monde]. "La situation est toujours bloquée du côté de l'hebdo, et là encore on n’arrive pas à se faire payer", pointent de conserve la responsable de Myop et le fondateur d'Hans Lucas studio.
"On bloque l'accès à nos photos"
Qu’en est-il de la menace brandie en décembre par les agences de cesser d’alimenter en photos les titres mauvais payeurs? "Désormais, sur internet, on a tous bloqué l’accès à nos photos pour L'Obs", explique Chloé Zanni de l'agence Myop. Et les agences ne comptent pas relâcher la pression. Le fondateur d'Hans Lucas Studio explique : "on a reçu un message de la directrice générale de L’Obs nous expliquant que la situation était compliquée, elle nous invitait à venir la rencontrer agence par agence pour faire état de la situation". Il pousuit : "mais pour nous [agences et collectifs], c’était hors de question. On l’a avertie qu’on viendrait tous ensemble pour régler la situation de façon collective." Agences et collectifs de photographes ont prévu de se rendre à la direction de L’Obs le 26 janvier prochain pour faire se faire entendre. Contactée ce vendredi après-midi, la direction de L'Obs n'était pas joignable dans l'immédiat.
L'occasion de (re)lire notre enquête : "Niel et Drahi, patrons mauvais payeurs : les photographes en appelle à l'Etat"