Afghanistan : le canard ne surfe pas assez
Justine Brabant - - 0 commentairesDans son numéro de mercredi, le Canard Enchaîné – à travers la plume de son rédacteur en chef, Claude Angeli – revient sur les interrogations autour d'un document, présenté par le Canard comme émanant d'une cellule de renseignement français à Kaboul, et qui avait déjà circulé sur Internet. Angeli reconnaît en partie ses torts.
Mercredi 3 septembre, le Canard publiait un "rapport au vitriol" sur l'embuscade en Afghanistan, supposé émaner de la Frenic, une cellule de renseignement français basée à Kaboul. D'après l'auteur de l'article et rédacteur en chef de l'hebdomadaire, Claude Angeli, le document avait été envoyé à l'état-major des armées et à la direction du renseignement militaire (DRM), à Paris.
Premier problème : comme vous le racontait @si, l'armée affirme que ni l'état-major ni la DRM n'avaient reçu semblable document.
Claude Angeli explique, dans le Canard de cette semaine (ces quelques lignes passent d'ailleurs un peu inaperçues, au milieu d'un article sur le mécontentement de l'armée) : "L'état-major a démenti que [le rapport] ait été reçu par la Direction du renseignement militaire (DRM). Dont acte : ce rapport rédigé à chaud au lendemain de l'embuscade, sur la base de Tora, par un officier de la Frenic, une cellule de renseignement français, n'a pas été transmis "officiellement" à la DRM. Mais seulement à certains collègues de ce service (qui compte 1700 spécialistes) et à quelques officiers de haut rang qui l'ont fait circuler."
Deuxième interrogation soulevée à propos du rapport : la présence de plusieurs passages du texte ... sur Internet, à travers la plume de Jean Guisnel (chargé des questions de Défense au Point) ou de commentateurs du site de la Fédération nationale des combattants volontaires (FNCV).
Angeli maintient que le coeur du document n'est pas sujet à contestation, mais reconnaît en partie ses torts : "Une partie importante des informations publiées par « Le Canard » sur la « chronologie des combats » et les commentaires joints – dont l'authenticité n'est contestée par personne, et encore moins par l'état-major – étaient déjà parus, mais uniquement sur Internet. Précisément sur des « blogs » que l'auteur de cet article a eu le tort de ne pas consulter : celui de Jean Guisnel, spécialiste militaire du « Point », celui du figaro.fr et, pour certains commentaires, celui de la Fédération des combattant volontaires."
Il explique ces similitudes par l'existence d'un "réseau d'officiers contestataires" qui "échange discrètement informations et analyses par courriel, entre Kaboul et Paris."
Pour les détails complets de l'affaire, replongez-vous dans l'article d'@si : "Le rapport au vitriol du Canard sur l'Afghanistan circulait-il sur Internet ?".