Accord sur la Grèce : Podemos digère "l'onde de choc" (Mediapart)

Anne-Sophie Jacques - - 0 commentaires

Comment réagit le parti espagnol Podemos – né en 2014 du mouvement des Indignés – à l’accord signé par la Grèce avec les institutions européennes ? Le parti allié à Syriza se dit solidaire du choix du premier ministre Alexis Tsipras, tout en adaptant sa position suite à cette "onde de choc" qui risque de déstabiliser son mouvement, observe Mediapart.

Solidarité. Le parti espagnol Podemos, né en 2014 suite au mouvement des Indignés manifeste sa solidarité envers son parti allié Syriza, observe Ludovic Lamant, journaliste de Mediapart (et invité de notre émission consacrée à Podemos). Après s’être lâché sur Twitter dimanche en s’en prenant aux "mafieux" opposés au peuple grec, son leader Pablo Iglesias assurait jeudi en des termes plus policés que comme Tsipras, il n'aimait pas l'accord, mais que c'était "une situation limite : soit il y avait accord, soit c'était la sortie de l'euro".

Selon Iglesias, "d'une certaine manière, le gouvernement [grec] a gagné en stabilité. Il a obtenu que le sujet de la restructuration de la dette soit envisagé". Le but du leader de Podemos, à en croire Lamant, reste identique : "s'emparer du pouvoir, et bâtir un axe Madrid-Athènes pour infléchir l'orientation actuelle de l'Europe". Dans le quotidien El País, il a d’ailleurs estimé que "le gouvernement de Merkel, à partir du moment où il exerce son pouvoir sur l'Europe, a prouvé qu'il était capable de mettre en danger le projet européen".

Pour autant, les derniers épisodes grecs risquent de ralentir l’ascension que connaît Podemos depuis son succès aux élections européennes l’an dernier et aux municipales de juin. Selon Lamant, "à court terme, l'accord conclu lundi avec Athènes, et l'énième crise politique qui s'ouvre en Grèce, ne vont pas faciliter la dynamique de Podemos d'ici aux élections". Ces dernières se tiendront à la fin de l’année, en novembre ou en décembre. C’est pourquoi, "afin de faire face à l'onde de choc grecque, Podemos s'adapte sur le fond".

Ainsi, le parti répète depuis plusieurs mois que l’Espagne n’est pas dans la même situation économique que la Grèce. Le pays prévoit une croissance de 3% – la Grèce risque elle de retomber en récession – et surtout, il est beaucoup moins endetté. D’ailleurs, alors que la restructuration de la dette figurait dans le programme initial de Podemos, le sujet est aujourd’hui remisé. "Depuis le printemps, analyse le journaliste de Mediapart, Podemos préfère se concentrer sur une autre dette, non pas publique, mais privée. Le parti veut en particulier s'attaquer à celle des ménages qui se sont lourdement endettés pour acheter un logement au moment de formation de la bulle immobilière en Espagne, et qui se trouvent aujourd'hui étranglés".

>> L’occasion de revoir notre émission sur Podemos (avec Ludovic Lamant), et celle sur la situation grecque trois jours avant la signature de l’accord du 13 juillet.

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