Abdeslam / Hongrie : le scoop qui n'intéresse pas les médias français...
Anne-Sophie Jacques - - 0 commentaires... mais la fachosphère, oui
Nouvel élément dans l’enquête sur Salah Abdeslam, unique survivant parmi les auteurs des attentats de Paris du 13 novembre 2015 : selon Ouest-France, qui reprend une information du quotidien hongrois Magyar Idök, Abdeslam aurait convoyé depuis la Hongrie treize terroristes se faisant passer pour des migrants, lesquels auraient été hébergés involontairement par des militants d'ONG d'aide aux réfugiés. L’information, relayée par la presse hongroise, n’a pas encore été reprise par l’AFP ni par les médias français. Hormis le site RT France qui titre sur l’aide des ONG.
"Salah Abdeslam aurait convoyé treize terroristes depuis la Hongrie" révèle mercredi 16 août le site du quotidien Ouest-France. Si on savait depuis un an qu’Abdeslam, seul survivant parmi les terroristes des attentats de Paris, s’était rendu à Budapest en Hongrie pour rapatrier les trois auteurs de la tuerie du Bataclan, lesquels arrivaient de Syrie, on ignorait cependant qu’il avait également aidé dix autres terroristes. Toujours selon Ouest-France, "ces derniers s'étaient infiltrés dans la zone Schengen par la frontière entre la Hongrie et la Serbie, dissimulés parmi les flots de migrants. […] Le réseau pourrait aussi avoir profité de l'assistance involontaire des nombreux bénévoles qui venaient en aide aux migrants : Salah Abdeslam a séjourné à deux reprises dans l'appartement d'un membre d'une organisation humanitaire."
Une information au conditionnel, donc prudente, mais sourcée : l’info a été publiée le 14 août dernier par le quotidien hongrois Magyar Idök, proche du gouvernement de Victor Orban. Une info fiable ? Sans conteste, nous assure l’auteur de l’article, Corentin Léotard. En poste à Budapest depuis 2004, ce journaliste indépendant et rédacteur en chef du site Hulala, "le média de l’Europe excentrée", souligne que toute la presse hongroise a repris l’information qui émane du service du contre-terrorisme en Hongrie. Ce que confirme Joël Le Pavou, également journaliste indépendant à Budapest et interrogé par @si. Si l’info est reprise par le site Index le jour-même, dit-il, alors elle est crédible.
Pour autant, alors que l’Espagne a subi deux attentats hier, et que le sujet aurait logiquement dû intéresser la presse française, aucun média, mis à part Ouest-France, n’a repris l’information. L’AFP, qui a publié hier une dépêche annonçant le renvoi pour un procès à Bruxelles d’Abdeslam, actuellement en détention à Fleury-Mérogis, n’a rien diffusé à cette heure sur ces nouveaux éléments. Pourquoi ce silence ? Les vacances, supposent les deux journalistes qui précisent que la Hongrie est aussi "en mode ralenti". Léotard émet également l’hypothèse suivante : "c’est la division des tâches, un pays, un sujet. La Hongrie c’est le nationalisme, donc ça ne peut pas être autre chose."
En revanche, l’info n’est pas passée inaperçue du député Front national du Gard Gilbert Collard qui l'a tweetée (sans citer la source) ou encore du site RT qui titre sur "l'aide d'une ONG humanitaire à Budapest pour convoyer des djihadistes". Léotard soupire : "j’ai expliqué en une phrase à la fin de mon article que ces faux migrants auraient bénéficié de l’aide involontaire des humanitaires, ce qui me semble très plausible au vu du contexte de l’époque, et cette plausibilité m’a été confirmée par la cheffe de la principale organisation humanitaire présente sur les lieux". De la même manière, ajoute-t-il, "le quotidien Magyar Idök a mis en avant l’affaire des humanitaires, sans expliquer le contexte et en laissant penser qu’ils pourraient être de mèche, ce qui est ridicule. Le but de mon article était plutôt de rappeler que Budapest avait été un endroit-clé il y deux ans et de montrer que la crise migratoire avait été mise à profit par l’Etat islamique."