ABCD egalité : la trouvaille de la mallette
Daniel Schneidermann - - 0 commentairesS'il existe un califat de l'enfumage, sa capitale est située rue de Grenelle, à Paris, siège du ministère de l'Education nationale.
Benoît Hamon, ministre en titre, est l'invité de France Inter, précédé par une rumeur catégorique : il va enterrer les ABCD de l'Egalité, ce dispositif expérimental de lutte contre les stéréotypes de genre. Certains le déplorent d'avance (ici Libé) ; d'autres s'en réjouissent bruyamment (là Farida Belghoul, la soralienne organisatrice des Journées de Retrait de l'Ecole).
Bien. Arrivée du ministre, qui explique que l'expérimentation des ABCD a été "très positive". Moyennant quoi, on généralise le dispositif ("nous allons passer de 600 enseignants formés à 320 000") mais on en change le nom. Attention Mesdames et Messieurs (et les autres) : il y aura donc "une mallette" à disposition des enseignants. Dans la merveilleuse mallette, les baguettes, les foulards, les colombes, qui permettront de répandre partout la poudre invisible d'égalité : en maths, en histoire, en gym. Peut-être aussi de belles images de petits garçons jouant avec des camions (mais roses), et de Barbies plombières ou footballeuses. Mais si l'on a bien compris, pour les enseignants, se saisir de la "mallette", et a fortiori l'ouvrir, ne sera pas obligatoire.
Au total ? Cette mallette est-elle une extension du système, ou une capitulation ? La Manif pour tous, qui conclut à l'extension, appelle déjà à une manif (pour tous) de rentrée en octobre. Le collectif Droit des femmes, qui a noté que l'enseignement ne serait pas obligatoire, conclut à la reculade. Dans l'Education, conclut un Sage sur Twitter, quand le gouvernement veut enterrer un problème, il crée une mallette. A l'arrivée, comme dans la fameuse guerre des connaissances contre les compétences, la porte de la classe refermée, les enseignants feront ce qu'ils voudront, ou ce qu'ils pourront.