Abandonné par la France, un journaliste syrien appelle à l'aide

Paul Aveline - - 11 commentaires


Hussam Hammoud a collaboré avec les plus grands médias français, et a livré des informations sensibles aux autorités françaises sur les activités de l'État islamique en Syrie. Menacé par l'organisation terroriste, il a demandé l'asile en France. Qui le lui a refusé sans explication.

Pourquoi la France n'a-t-elle pas délivré de visa à Hussam Hammoud, sa femme et ses deux enfants ? Le journaliste, qui travaille depuis cinq ans pour de nombreux médias français, le Monde, Mediapart, France 24 entre autres, a demandé l'asile humanitaire en France. Depuis 2011, il enquête sur les crimes du régime d'Assad, et sur la terreur imposée par l'État islamique à Raqqa, notamment. Des enquêtes qui lui ont valu d'être emprisonné et torturé par l'organisation terroriste. Un travail qui lui vaut des menaces de mort régulières, et qui l'ont poussé à s'exiler en Turquie. En janvier 2022, face à de nouvelles menaces contre lui et sa famille, il décide de demander l'asile en France. Interrogé par les autorités françaises, il livre tout : ses informations, ses recherches, le fruit de ses années de travail au cœur de la machine terroriste de l'État islamique. Pour seule réponse, l'ambassade lui a adressé, le 5 juin, une lettre de refus. 

La France accueille (finalement) Hussam Hammoud

Le 21 octobre 2022, le journaliste a révélé qu'il était arrivé avec sa famille sur le sol français, les autorités françaises ayant rétropédalé pour lui accorder un visa humanitaire lui permettant de déposer en France sa demande d'asile, notamment suite à un rappel à l'ordre du juge des référés du tribunal administratif de Nantes envers le ministère de l'Intérieur.

Une procédure longue qu'il nous raconte depuis la Turquie, où ses filles ne sont pas scolarisées, mais apprennent le français dans l'espoir que leur demande soit un jour acceptée. S'il vit aujourd'hui dans la peur, Hussam Hammoud peut compter sur de nombreux soutiens en France. Deux d'entre eux témoignent auprès d'Arrêt sur images : Céline Martelet, journaliste indépendante, et Edwy Plenel, fondateur de Mediapart. Mediapart qui vient de republier tous les articles signés par Hussam Hammoud. Parmi eux, des enquêtes sur la situation des réfugiés syriens en Turquie, sur la résurgence de l'État islamique en Syrie ou sur la façon dont certains jihadistes prisonniers des Kurdes monnaient leur libération. Ce 7 septembre, nombre de syndicats et sociétés de journalistes ont diffusé un appel à protéger leur confrère syrien, enjoignant les ministères de la Culture et de l'Intérieur à lui délivrer un visa humanitaires, et rappelant que "comme des milliers de réfugiés syriens en Turquie, Hussam Hammoud risque l'expulsion vers la Syrie, où la mort l'attend – il a d'ailleurs déjà été torturé par des djihadistes étrangers".

Sollicité par ASI, le ministère de l'Intérieur, dont dépendent les visas et les procédures d'asile, n'a pas répondu.

Pour aller plus loin 

- Une enquête de Céline Martelet, Hussam Hammoud et Édith Bouvier sur l'appartement de Jean-Michel Clain, "voix française" de l'EI.
- Le billet de Mediapart en soutien à son journaliste.
- Le thread Twitter de Céline Martelet.

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