" 3 heures par jour" : la presse mondiale reprend sans nuances
Gilles Klein - - 0 commentairesMontebourg Vs Taylor : un combat à l'affiche de tous les journaux du monde. En répondant au patron américain de Titan, Arnaud Montebourg lui a fait une publicité mondiale : les "mauvaises habitudes" des ouvriers français sont évoquées jusqu'en Inde, en Chine ou en Australie, tandis que le PDG a envoyé une deuxième lettre au ministre du Redressement productif.
"Le PDG américain ridiculise le temps perdu par les travailleurs français" souligne The Malta Independent (Ile de Malte). L'Espagnol conservateur ABC (qui parle de la "décadence" de l'industrie gauloise) comme Le National Post (Canada) publie une photo aimablement fournie par l'entreprise de Taylor, elle est signée "Titan International". On y voit Maurice Taylor Jr. le PDG, en train d'aider ses ouvriers, dans une usine à Quincy (Illinois), on note la présence d'un énorme cigare dans sa bouche.
Dans l'article, le National Post, mentionne le fait que que le travailleur français a l'un des niveaux de productivité les plus élevés d'Europe, mais souligne que beaucoup critiquent la semaine de 35 heures.
Dans sa réponse à Montebourg, Taylor se défend :"L'extrémiste Monsieur le ministre, c'est votre gouvernement et son manque de connaissances sur la façon de bâtir une entreprise. A aucun moment, Titan n'a demandé de baisser les salaires. Nous avons juste dit que si on voulait être payé pour sept heures de travail, il fallait en travailler au moins six".
ABC (Espagne) 22 février 2013 National Post (Canada) |
Berlingske Tidende (Danemark) reprend la photo de Taylor mais signée de l'agence Reuters. "Les Français ne travaillent que trois heures par jour" . De Standaard (Belgique), lui, cite Taylor. La plupart des journaux qui reprennent l'accusation de Taylor sur les "trois heures par jour" que travailleraient les ouvriers français, se gardent de préciser que Taylor a visité l'usine Goodyear à une période où elle était en sous-activité.
"Le diagnostic de M.Taylor est évidemment bourré de préjugés. Toutefois, a souligné la représentante du patronat français, Laurence Parisot, le PDG deTitan "met en avant des dysfonctionnements qu’il faut que nous corrigions". L’économie du pays connaît une période sombre. Les usines ferment les unes après les autres. M. Montebourg a beau semoncer les patrons des multinationales, ils agissent ainsi parce que produire dans l’Hexagone coûte plus cher et est beaucoup plus compliqué qu’ailleurs, notamment en raison de la rigidité des lois du travail. Comme M.Taylor le concède, «les ouvriers français travaillent bien.» Cependant, ils travaillent beaucoup moins d’heures que ceux de la plupart des pays de l’Union européenne (4,3 heures de moins par semaine que les Allemands)." explique un éditorialiste du quotidien canadien La Presse sous le titre "La France va mal".
The Malta Independent 22 février 2013 La Presse (Canada) 22 février 2013 |
New York Times 21 février 2013 | "Quel brouhaha ! Une diatribe anti-syndicats irrite les Français" titre le New York Times en première page de son cahier Business, avant de continuer page 6. "Mr Montebourg, qui est connu pour ses critiques des patrons français semble être resté coi dans un premier temps avant de réagir. (...) Les médias français se sont emballés «Incendiaire, insultant» figurent parmi les termes qui ont inondé les sites de presse et les antennes des radios. La blogosphère française s'est enflammée avec des centaines de remarques condamnant la culture d'entreprise style vautour représentée par Mr Taylor. Les commentateurs qui se sont risqués à reconnaître qu'il y avait peut-être un fond de vérité dans les critiques de Mr Taylor ont aussitôt été accablés." |
The Financial Express (Inde), (The China Post) Chine
"Le patron d'une société américaine de pneus dénonce les habitudes des travailleurs français" note le Wall Street Journal. "Gardez vos soi-disant travailleurs dit le patron d'une société américaine de pneus à la France" (Guardian, Grande Bretagne)
"Vous pensez que nous sommes stupides à ce point ?" titrait l'éditorial du Wall Street Journal américain le 20 février, en citant Taylor. Puis le grand quotidien économique conservateur concluait en rappelant que Montebourg est "ministre du Redressement productif" alors que "chaque mois une nouvelle usine ferme, et que, soit Montebourg menace son patron, soit supplie un autre patron (ou quelquefois le même) de rester en France. S'il y avait du vrai en matière de communication politique, Montebourg devrait se rebaptiser Ministre du déclin industriel." |
L'occasion de lire la chronique de Daniel Schneidermann Thank you, the grizz